Julien l'apostat: Gore Vidal ou Jerphagnon ?

 

 Je viens de terminer le lecture du Julien de Gore Vidal.  C'est un ouvrage agréable à lire où l'auteur au travers d'un récit à plusieurs voix autour de mémoires imaginaires de l'empereur Julien essaie de nous restituer la vie de cet empereur au croisement de tant de contradictions: élevé dans le christianisme mais fervent païen à une époque de pleine montée en puissance du christianisme, présenté comme un érudit helléniste et opposé à un frère militaire, il se révèlera être le militaire qui ira en Gaulle et y gagnera contre toute attente, il devient empereur et tente de rétablir le paganisme dans un monde déserté par les dieux païens et où il devient difficile de trouver des prêtres de l'ancienne religion ... Il y a d'ailleurs tellement de contradictions comme cela chez Julien que l'on se demande comment il a pu les vivre: comment a-t-il pu supporter si longtemps le christianisme dans sa jeunesse et feindre la foi sans y croire et en aspirant à être initié aux mystères des grecs ? Etre contraint à la chose militaire alors qu'il aurait préféré un séjour indéfini en Grèce au contact de philosophes, rhéteurs et hommes initiés aux mystères ? Il y en a des contradictions chez Julien et on aurait pu espérer dans le livre de Gore Vidal une explication toute fictive de ces contradictions. Ce n'est malheureusement pas ce qu'apporte ce roman. Il est bien documenté, exact autant que faire se peut, dans une antiquité un peu désincarnée (mais la faute en est un peu à l'époque qui mord plus sur le christianisme que sur l'antiquité gréco-romaine, Julien constituant un curieux et inexplicable soubresaut d'un ancien monde) et seules les dernières pages laissent transpercer un peu d'émotion. Assez curieusement, l'essai que Jerphagnon a consacré à Julien me paraît plus vivant que ce livre qui aurait pu sortir de l'académisme et s'autoriser plus de d'audace. C'est donc au final une lecture agréable de vacances, de voyage. Mais pas plus.